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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 17:25

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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 17:27

Sur le goudron

 

 

         La nuit, nous aimions bien marcher sur le goudron.

Il luisait sous la lune, et nous faisait penser à de l'eau. De tout petits mur très bas, très blancs, couraient de chaque côté de la route. Ils étaient chauds, et ça nous plaisait de sentir la chaleur sur la peau de nos jambes, (lorsqu'on les frôlait).

Nous avancions la tête en l'air, pour mieux respirer les senteurs alentours. Chaque soir les chênes, les oliviers, les broussailles tramaient des choses dans l'air, et nous appréciions ce genre d'activités.

La végétation était basse, et le niveau de la route un peu surélevé. Toutes debout, nous voyions loin... L'océan noir, bleu, vert sombre, brillant des milliards de petites feuilles cuirassées des arbustes secs, avec la voûte céleste pour miroir... Tout scintillait, sentait bon.  

      – On devrait pêcher, me dit-elle.

Alors on s'est arrêtées pour mieux voir. On a dit que l'air serait iodé, et que nos bâtons seraient des cannes. C'est vrai qu'elle n'aimait pas la viande.

Mais on a rien pris, et le goudron était trop attirant. Il fallait qu'on se remette à marcher.

 

 

       Le goudron était pâle, et les petits murs en pierre sèche devenaient phosphorescents quand la lune était pleine. Entre la pierre et le goudron, pas un brin d'herbe... Une longue piste étrange et sinueuse entièrement minérale, que la clarté rendait visible jusqu'à l'horizon.

      – On est dans un canal, je lui dis.

L'air était si doux qu'on ne le distinguait même plus de nos peaux. Ça nous rendait très légères, comme en apesanteur, où en suspend dans une eau très calme, très pure, très tranquille.

       On s'amusait à être des poissons. 

     – Drôle d'espèce, mal fichue pour un courant tiède, je m'étonne qu'elle ait survécu...

C'était Youri, un chien qu'on connaissait bien. Son obsession était, chaque fois qu'il se trouvait du temps libre, de courir le plateau, pour éventrer les poubelles et les dévorer, plastique compris. On l'avait repéré à cause du plastique bleu. Personne n'appréciait qu'il le fasse : ça lui donnait des hémorroïdes, et ça nous compliquait la vie, à tous.

     – Youri !

Il s'est approché, mais on refusait qu'il nous accompagne.

 

 

                                                                 ***

 

      Parfois la route se ramifiait. Il fallait choisir une direction. On prenait toujours celle qui promettait la meilleure odeur. Ou alors on suivait simplement le bruit de nos pas. L'impact de nos pieds sur le goudron faisait un son qui nous fascinait. Jamais Constance ou moi ne nous lassions. Pourtant, on décidait quelque fois de plonger.

 

       Le sol croustillait, et les feuillages faisaient de drôles d'ombres sur la peau. On prenait le temps d'observer ça. Assises, nous étions des pierres. On avait le même format, elle et moi. Deux pierres presque identiques. Dans le sous-bois, les insectes reprenaient vie autour de nos corps immobiles. J'aimais bien l'odeur qui montait de ces corps. La sève et la sueur ont des parfums qui s'aiment. Je collais ma bouche sur le haut de mon bras. C'était doux, chaud, et salé. J'étais en train de téter quand Constance remua. Les ombres bleues caressèrent sa peau blanche. C'était admirable. Non loin de nous, ça bruissait...

      – Ne restons pas là...

Doucement on s'est dépliées jusqu'à nous tenir debout sur nos deux jambes.

      – Soyons prêtes à grimper dans un arbre !

Les arbres étaient à peine plus hauts que nous. Je me demandais s'ils pouvaient ployer sous nos poids. Par chance, je n'ai jamais eu de réponse.

 

       On a décidé de se rapprocher un peu des étoiles. Il fallait quitter le creux de la Sénancole.

       – Tu vois cette voûte sous la roche là haut ?

       – Oui, je l'appelle « la voûte céleste »

       – On y tient à deux.

 

                                                                 ***

 

        Un soir sans lune, nous avancions sur le goudron.

La piste, dans l'ombre, semblait retenir le drôle de son de nos pas. L'odeur de l'océan noir parvenait jusqu'à nous, ternie par l'obscurité.

        – Coupons, dit-elle

 

       On s'est mises à courir, escalader et dégringoler. Par ici il y avait peu d'arbres, juste des parcelles de terre couvertes de thym et de murets en pierre sèche. Lorsqu'on remarquait une partie effondrée, on changeait de direction. Pas à cause de l'instinct, mais... autre chose.

Il y avait des passages qu'on n'aimait plus emprunter.

 

Sauter, courir, sauter, courir, grimper, sauter, courir, sauter, courir, sauter, dégringoler, courir …

 

        La topographie avait changé. Remarquer ça nous fit nous arrêter.

Soudain nous étions sur une immense pelouse qui verdoyait dans la nuit noire. Elle n'avait rien à faire dans un pays calcaire, aride.

       – Ce sol vient d'ailleurs...

 

    L'enceinte basse de pierre sèche ne contenait nulle autre végétation. Très très rectangulaire, beaucoup plus longue que large, la pelouse couvrait une pente douce. Constance et moi avions atterri dans cet endroit en sautant par-dessus le long muret, à l'Est.

Un chemin blanc, plus qu'étroit, traversait l'espace dans sa longueur. On avait tout juste la place d'y poser ses deux pieds.

Il était absolument droit.

Il ne menait à rien.

En bas il s'arrêtait au pied du muret. En haut, il stoppait à la porte étroite d' une maison.

Une maison à la façade haute, nue. Nue de tout. Nue de végétation, nue de relief, et même, nue de fenêtres. Ce grand mur faisait face au zénith du soleil. Aucun rayon ne devait jamais pénétrer la bâtisse, sinon par l'unique minuscule fenêtre au milieu du mur, placée dans l'exact prolongement de l'axe du chemin et de la porte.

 

        Nous n'osions pas avancer.

D'un côté, le chemin trop maigre ne menait à rien, sinon à la vue splendide du Luberon, en entier. Mais il faisait si sombre...

De l'autre, il y avait la maison aveugle, qui refusait tout spectacle.

Elle se tenait là, en haut de la butte, fermée. L'entrée trop mince n'avait pas de perron, pas de auvent, rien. Le chemin s’arrêtait exactement au bas de la porte, comme la pelouse s’arrêtait exactement au pied de la façade.

Au milieu de ces grands vides absurdes, la lucarne, la porte, et le chemin, seuls, faisaient figure de repères. Leur disproportion nous mettait mal à l'aise. Ces choses étaient trop étriquées, très inadaptées à des êtres humains. Leur alignement parfait nous oppressait. La géométrie était dérangeante, et malvenue sur ce plateau de roches et de broussailles.

 

       Finalement, nous avons traversé la pelouse, dans sa petite largeur, mais en prenant soin d'enjamber le chemin blanc quand nous l'avons croisé. Masquée par la butte où se dressait la maison, existait un bassin.

Rectangulaire, long, étroit, parallèle au chemin, aux murs. Profond ?

On s'est regardées.

On s'est assises, près du bord, elle plus près que moi.

Constance et moi savions que désormais, personne ne vivait ici.

       – N'y va pas, je lui dis.

Elle adorait l'eau. J'étais définitivement terrestre.

Des feuilles mortes flottaient entre deux eaux. Je n'aimais pas cet endroit. Quelqu'un avait choisi de construire et peindre ce bassin de telle manière que le plan de la surface de l'eau paraissait incliné. Très incliné.

      – Viens...

 

On a dû partir car on avait peur.

 

                                                                 ***

 

        La journée, on rôdait moins. Le goudron brûlait, les sons et les odeurs étaient gâchés par les humains. Mais ce matin, nous avions décidé d'aller au village. On voulait ramener du papier, pour faire des jeux.

 

Pendant la toilette :

      – J'adore cette odeur de savon !

      – Je crois que c'est de l'amande.

On s'est séchées face au miroir.

      – Essaie ce truc

      – C'est à l'amande ?

On a fait briller nos peaux. On est restées, un temps, devant le miroir. Ces triangles de poils étaient si bizarres !

 

     On a pris les sacs, et on s'est mises en route. Pour atteindre le village, il fallait emprunter des sentiers taillés dans la roche, où on ne pouvait que se suivre. J'aimais bien marcher derrière Constance pour regarder le bas de son dos, qui était blanc, large, plat, et rythmait le monde. Je trouvais ça stable et rassurant. Optimiste.

 

     Nous n'avons croisé personne. Les sentiers se sont élargis, et nous avons commencé la descente, pour atteindre le village.

Dans un chemin jaune aux degrés taillés, approchait une dame, qui montait.

Elle avait un air préoccupé, et surveillait les alentours.

      – Tu crois qu'elle va nous parler ?

      – Pourvu que non !

      – Je lui répondrai dans une langue inconnue, elle comprendra.

      – Oui, elle comprendra qu'on ne veut pas se faire parler, oui.

 

    La dame s'est mise à nous regarder, et même à nous parler. Elle nous a appelées « mesdemoiselles »

puis elle a demandé :

      – Vous n'auriez pas vu deux petites chèvres, par ici ?

Constance a répondu que non, je n'ai rien dit. La dame n'avait pas de lueur dans l'oeil, elle a continué son chemin, et nous le nôtre. Un peu après, j'ai gloussé.

     – Tu glousses ? me fit Constance

     – Oui !

     – Ouais, moi aussi, j'ai gloussé, mais tu ne m'as pas entendue.

 

 

                                                                 ***

 

L'après-midi on s'est mises au bord de la piscine. Youri dormait, à l'ombre.

     – Ils reviendront toujours...

     – Oui, on n'en viendra pas à bout.

     – Montre tes bras? ...on dirait mes jambes...

     – Passe-moi la pince à épiler.

 

 

 

 

 

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10 août 2013 6 10 /08 /août /2013 16:29

 

 

L'histoire d'une biomasse et d'un engin...

(court métrage pseudo-érotique)

 

 

 

                                                             Liste de mes films d'animation

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 15:11

 

 

Une petite bête qui mange les grosses ...
                                      
          
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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 17:04


Le sol est encore jonché. 

Je m'installe
en levrette
pour voir comment tu avances.

De l'aube au crépuscule
j'ai les mains pleines
de trucs à jeter.

 

 

 

27 janvier 2010

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 09:43


à force sucer des clous on trimballe des pelles

    -(je t'aime,
    sperme,
    je ravale ma chienne.)

le goût est bon,
la forme est bien, mais c'est la couleur, surtout,

    -(encore,
    jouir,
    apaiser le monde.)


qui fait regretter la lumière.





25 janvier 2010










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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 10:31


en joindre deux, pour en former un long,
un orgasme pissé, qui m'échappe, du bout des doigts.
mon souffle haché,
qui me tire des rafales.


le soleil a encore disparu: (19 nov 2009)
réunir des rats
au son de ma flûte
reste (encore) une réponse/ un hobbie/ une passion/ ma meilleure distraction.

vos morts empaillés nous suivent
ils se prêtent à tous nos jeux
se laissent mélanger.

j'ai choisi les pires
morceaux, pour les pires assemblages,
la viande  était laide,
le resultat malencontreux / déprimant.

au bout d'un orgasme
j'ai pensé à dieu,
les deux doigts d'un pape ont sauté,
j'ai aimé chaque rat sur Terre.

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 10:17


J'ai encore les plaies de mes pouces à écarter,
des poils à arracher.
Rien pour remblayer les sillons que laisse l'eau salée.
Disparais, ma chair, et la Camargue, mes enfances.

Petite chose bleue ou pierre géante,
tout est toujours mal dégrossi,
j'ignore quels outils éventrent les sarsens.

Fondu dans le mégalithe,
le métal tendre, le métal mou.
Sensible à la vie.
L'air et l'eau le corrompent.

 

 

(début octobre 2009)

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 12:20

 

 

Décor vidéo (première version)

pour le ballet d'Eugénie Andrin, "Suite Assassine"
Musique : Chostakovitch 

 

 

                                             Liste de mes films d'animation

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 11:27


Désormais je suis l'aînée,
c'est mon tour de te nourrir.
J'abrite un signal
qui émet en continu.

Je mets mes pieds dans tes empreintes,
j'ai étudié la nature.
En chemin, je trouve des marques de tes luttes,
j'en ramasse,
je fais des bocaux, pour avoir des choses à observer l'hiver.

J'écume le bois, les champs de pierres rouges,
les fissures des parois verticales.

Dans mon livre de contes se trame un grand bestiaire,
des réseaux sensibles qui s'accrochent entre les pages.
Je m'en mets plein le ventre quand je les tourne.

 

septembre 2009

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